La rentrée littéraire : existe-t-il meilleur moyen de s’évader en septembre ? Rien n’est moins sûr. Parce que passer en revue plus de 520 romans s’avère mission impossible, voici une première sélection de 5 ouvrages qui ont retenu mon attention. RV le week-en prochain pour 5 nouvelles suggestions.

Une rentrée littéraire pour un tour du monde. Un tour de soi.

1. Catherine Cusset, La définition du bonheur, Gallimard (le plébiscite de la rentrée littéraire)

Catherine Cusset rentre tout juste de New York, après 30 années d’expatriation au sein d’une ville inspirante à souhait. L’auteur ne revient pas les mains vides. Elle sort un nouveau roman chez Gallimard qui raconte le cheminement de deux femmes, Eve et Clarisse. Un roman sur le temps long : 30 années écoulées entre New York et Paris. Espoirs, désillusions, trahisons : la fresque d’une époque qui s’étire des années 80 à nos jours.

2. Amélie Nothomb, Premier Sang, Albin Michel (le pilier de la rentrée littéraire)

Amélie Nothomb figure dans le top 3 des auteurs incontournables à chaque rentrée littéraire. Cette année, l’auteur belge présente son trentième roman. Le meilleur, paraît-il. Avec Premier Sang, Amélie Nothomb rend hommage à son père disparu l’an dernier. Un homme discret à la vie extraordinaire. Un diplomate, ayant frôlé la mort de près au Congo. Elle y dépeint les mœurs de l’aristocratie belge, les relations amoureuses de son père jeune, l’absence …

3. Leonardo Padura, Poussière dans le vent, Editions Métaillé (le coup de cœur de la rentrée littéraire)

Leonardo Padura, grand auteur cubain, a choisi de rester vivre à La Havane en dépit du régime politique qu’il critique ardemment. Au cœur du quartier de Mantilla qui a vu grandir son père et son grand-père, l’auteur sent battre le pouls de son pays. Il pense devoir vivre sur place pour habiller ses personnages d’une authentique culture cubaine, dans toute sa complexité. La nationalité espagnole acquise il y a 10 ans pourrait lui offrir une vie autre. Padura s’y refuse, comme il refuse qu’on évoque une double-nationalité, le concernant. Il estime avoir deux citoyennetés, mais une seule nationalité. L’auteur est fondamentalement cubain. Son monde littéraire est cubain. Dans son nouveau roman, il est question d’exil et d’amitié. Surtout d’amitié.

4. Langston Hugues, The Big Sea, Robert Laffont (le revenant de la rentrée littéraire)

Grande figure de la Harlem Renaissance, Langston Hugues est un célèbre poète noir américain encore méconnu en France. La réédition de son autobiographie mérite de s’y arrêter pour redécouvrir l’homme et son œuvre majeure (aventurier passé par le Mexique, Paris, l’Afrique, l’Italie). The Big Sea retrace les temps forts d’une vie inédite avec style et humour. Hugues y raconte son enfance itinérante, le sort réservé aux Noirs aux Etats-Unis au début du XXème siècle ; un récit d’apprentissage à se procurer sans tarder.

5. Maryse Condé, L’évangile du Monde, Buchet-Chastel (la surprise de la rentrée littéraire)

Quelle force de vie ! Récemment décorée du prix Nobel alternatif (2018) et du “prix mondial” de la Fondation Del Luca cette année (prix assorti d’une dotation de 200 000 euros), Maryse Condé publie un nouveau roman en cette rentrée littéraire. Lors de notre rencontre à Paris avant qu’elle ne parte s’installer dans le Lubéron, elle m’avait confié quel support extraordinaire était son époux Richard pour l’écriture de ses textes. Diminuée par une maladie neurologique, ses mouvements sont entravés mais son verbe reste intact. Avec cet ouvrage sur la nature humaine, elle lance un cri d’amour et de fraternité en des temps perturbés.

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